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Re: [HS] Microsoft s'ouvre t-elle à l'opensource ?



On Wed, Nov 19, 2014 at 12:44:16AM +0000, D. Barbier wrote:
> Le 18 novembre 2014 23:01, FGK a écrit :
> [...]
> > Pour finir, je reviens ici sur ta remarque. La question n'était donc pas de
> > savoir si le projet avait besoin de protection. Le projet s'est rendu compte
> > qu'il avait besoin de protection et a cherché une solution pratique et
> > accessible à tous ses problèmes.
> 
> Heuuuu, non, des fois c'est juste par mimétisme. Si les autres le
> font, c'est qu'il doit y avoir une raison.

Est-ce que je peux rajouter le mot "bonne" entre une et raison dans ta phrase
? Je n'ai pas vécu cette période, l'arrivée des licences libre puis open
source chez les développeursmais est une bonne analogie selon moi. Puisque
c'est bien documenté, on peut l'utiliser comme exemple. Suite à l'affaire de
la photocopieuse de Stallman, son action a été vue au début comme du
"préchi-précha" philosophico-juridique par une bonne partie des communautés
impliquées. Le fait de mettre par écrit les règles qui règnaient
n'apparaissaient pas comme quelque chose de "naturel". Certains ont peut-être
dû s'y mettre par mimétisme, comme tu le fais remarqué. Mai son message a fini
par être entendu et compris quant à la nécessité de protéger par un écrit le
code diffusé, quitte à ce que ça soit un peu tourné en dérision en demandant
simplement de se faire payer une bière. N'empêche que le texte est là et est
claire sur les intentions du développeur quant à son code. Aujourd'hui, bon
nombre de développeurs de toute sorte mettent une licence quand ils diffusent
du code qui se veut être libre ou open source --- même quand il s'agit d'un
simple petit script bash. C'est devenu un comportement normal. Cela ne veut
pas dire qu'il n'y a plus cette relation de confiance entre le développeur et
les utilisateurs. Les critiques à propos du développeur qui chercherait à se
prémunir uniquement des mauvaises intentions de ses utilisateurs ne sont
presque plus mises en avant. Mais les développeurs savent que justement pour
se pémunir de mauvaises conduites (ou de conduites contraires à leur vision),
mettre un licence est un début de garantie. Oh, le bout de papier n'empêche
certainement pas un individu de mettre dans des sources fermés le code réputé
libre, mais au moins ça permet d'avoir quelque chose d'opposable et de faire
pression sur celui qui ne respecterait pas la licence. Il y a eu de nombreux
exemples dans l'actualité.

C'est peut-être donc bien par mimétisme. Mais le fait est que quelque chose
d'extérieur à la communauté est venu changer la donne (je pense aux brevets
notamment) et qu'il a fallu s'en protéger, sans parler des nouvelles conduites
au sein de communautés elles-mêmes. C'est là où je dis que les projets se sont
rendus compte qu'ils avaient besoin de protection, non seulement pour se
protéger eux-mêmes de l'extérieur des mauvaises intentions, mais aussi pour
protéger leurs contributeurs de l'extérieur (dans le cas des CLAs repectant
les principes du libre et de l'open source bien sûr).

>>> Pour un juriste, le CLA est une bonne chose. Pour un développeur, c'est une
>>> plaie.
>>
>> Idéalement le CLA est une protection, un cadre juridique clair entre le
>> développeur et le projet. Le problème est que le développeur en question ne
>> se rend pas forcément compte, soit parce que ça ne l'intéresse pas, soit
>> parce qu'il ne comprend pas tout, de l'intérêt d'avoir quelque chose par
>> écrit définissant clairement les relations et les effets à venir de sa
>> contribution.  Et ça coince encore plus quand le contrat est imposé par le
>> projet, c'est certain. Et sans parler de l'impression que ça renvoie dans
>> la relation de confiance qui existe depuis 35 ans.
> [...]
> 
> Que ça soit imposé ou non, la relation est forcément asymétrique :
> celui qui propose le CLA est passé par un juriste, alors que le
> contributeur n'aura pas ce soutien. Et ça fait une énorme différence.

Effectivement ça fait une grande différence.
 
> Dans un mail précédent, tu as écrit :
> ] On ne demande jamais rien d'autre à un contrat : une rencontre de deux
> ] volontés servant les intérêts de l'une et l'autre partie dans un espace de
> ] compromis.
> Dans la mesure où les deux parties n'ont pas accès aux mêmes
> informations, ça augure mal d'un compromis et explique la réaction
> épidermique de certains contributeurs.

Et c'est parfaitement compréhensible. Je pense que les inquiétudes des
mainteneurs des grands projets étaient/sont légitimes. Le problème c'est que,
dans la résolution de ce problème, ils se sont fortement éloignés de l'esprit
du libre et de l'open source qui est censé régner. Bien sûr que ce sont eux
qui font les choix in fine. Mais même Linus, réputé pour ne pas passer par
quatre chemins et qui n'hésite pas à dire merde, prend le temps d'expliquer
certains de ses choix cruciaux et attend de voir ce que les kernel hackers ont
à dire. Avec ce qui s'est passé/se passe autour des CLAs, il faudrait écrire
une suite à « La Cathédrale et le Bazar » : « La revanche de La Cathédrale
». Le grand guru vient apporter la bonne parole, énonçant un fait accompli,
sans grandes discussions préalables, en s'attendant à ce que tout le monde
suive benoîtement. On se croirait à un meeting d'Apple. « Ne vous inquiétez
pas, ceci est une révolution, c'est bon pour vous, signez ici ».

Qu'est-ce qui aurait pu être fait ? Commencer par dire à la communauté les
problèmes rencontrés, qui sont de vrais problèmes, et chercher à trouver des
solutions avec la communauté ; faire des propositions, expliquer, voir ce que
les développeurs avaient à dire sur ce sujet, voir ce que les associations
avaient à dire sur le sujet, etc. Et surtout que cela soit fait en prenant le
temps. Mais il a fallu que ça soit fait unilatéralement le plus généralement,
carrément dans l'urgence pour certains, face à la peur des brevets ou parce
que les partenaires économiques exigeaient une solution immédiate.

Tu as raison évidemment quand tu dis qu'il manque des informations pour l'une
des parties. Maintenant les CLAs sont là, c'est un fait. Ils répondent à un
vrai besoin et la tendance n'a pas l'air de vouloir se renverser. Aussi, les
projets proposant (imposant ?) une CLA devrait en rédiger une version
human-readable à l'instar de ce que fait Creative Commons. Si besoin des
juristes, autres que ceux faisant partie du projet évidemment mais prochent
des communautés, seraient les bienvenus pour expliquer le contenu de ces
contrats --- notamment ceux faisant partie des associations comme APRIL ou
LQDN par exemple. À une époque où les projets n'auraient eu besoin que de
"sensibiliser" leur contributeur, à cause de la manière choisie pour mettre en
avant cet outil qu'est le contrat, on se retrouve maintenant à devoir
appliquer des pansements qui fonctionnent que modéremment, le mal étant déjà
fait.

F-

-- 
-:%*- FGK <f6k@opmbx.org> -*%:- http://f6k.github.io -:%*-


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