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Re: [HS] triste jour que ce jour :(( fois par jour.



Le Wed, 29 May 2002 01:48:04 +0200 à %h
Coulonges Philippe <cphil@cphil.net> a écrit:

[SNIP GLOBAL] lire le propos de C.Ph. dans le message ci-dessus.

Je suis d'accord sur le fond de ton propos et je reconnais bien
volontiers le manque de nuance du mien, notamment sur la prétendue
absence d'organisation du mouvement autour de la FSF en vue de
travailler en direction des instances européennes. Je rappelle cependant
qu'exister en tant qu'association loi 1901 et publier un communiqué de
presse de temps à autre, c'est bien, mais aussi assez formel (je connais
des associations qui ont une existence fantômatique; je ne critique pas:
je dis seulement que survivre est ce qui use la majeure partie de
l'énergie des associations). Pour ce qui est de l'engagement militant,
je n'irais pas jusqu'à dire comme toi que les critiques masquent le fait
que les types travaillent, se donnent du mal, etc. Mais bon, mon propos
si excessif soit-il, vise à souligner la chose suivante: autant les
acteurs du libre sont engagés pour la plupart dans la production
technique de manière sensible (si on pouvait avoir des statistiques et
des chiffres ça ne serait pas mal) et tiennent un discours que je trouve
assez humble (une fois sortis des excités habituels qui péchent par
jeunisme), autant je trouve que l'organisation et la DÉMONSTRATION de
l'organisation dans la défense du libre me semble insuffisante. Quelle
ne soit pas réellement insuffisante pose la question de la subjectivité
de mon propos. Tu as raison de dire que je ne suis pas au courant:
indice (et non preuve) d'une communication parcellaire. Je sais où
trouver l'information si je la cherche (fsf.org c'est une adresse qui
n'est pas difficile à retenir), mais justement je trouve que l'
expression n'est pas assez forte. Sans doute un colloque en Sorbonne a
t-il lieu tous les ans, et que la FSF possède un stand très actif à
Linux Expo. Sans doute aussi y a-t-il eu des articles dans les journaux
et des reportages aux infos télévisées. Mais les forces semblent
dispersées et l'esprit de chapelle un temps lisible (April vs Aful),
s'il est moins visible aujourd'hui, c'est sans doute aussi dû à une
certaine fatigue ou un assoupissement. Bon, ce propos n'engage que moi.
Je ne veux pas dire que personne ne fait rien: je dis simplement que la
mobilisation des forces et la publication de la réflexion sur la
question du brevet logiciel (et plus généralement l'explication et les
intentions autour de l'activité générée par la GPL) n'est pas très
active (même si des universitaires sont présents). C'est un peu comme ce
qui se passe autour de la génétique (sauf que les problèmes éthiques qui
y sont liés et les retombées financières sont sans commune mesure avec
l'informatique): on en parle, mais personne n'est vraiment mobilisé - je
ne suis pas sûr qu'à part pour les experts, la question de savoir si "le
corps humain est un objet disponible" est mobilisatrice. On est pourtant
là devant un défi. S'agissant de GPL, on ne doit pas minimiser la
question de l'automatisation des gestes techniques (à une moindre
échelle que la question portant sur le droit à la manipulation
génétique), au coeur même de la civilisation qui s'annonce. Je dirais
donc que derrière la question du brevet et de la GPL, c'est la question
de l'orientation des savoirs techniques en matière de programmes
logiciels, d'éducation technique et d'accès aux données qui est en jeu.
Si quelqu'un passe de windows à linux, c'est sans doute et pour beaucoup
qu'il cherche à échapper à un univers de consommation aveugle (de jeux,
de produits mal élaborés, et de connerie satisfaite), plutôt que parce
qu'il évoluerait dans un univers technique parfait (et du côté grand
public, on voit où est la différence). Et donc, la politique de la FSF
(puisque politique il y a) devrait passer par une publicité de son
message (y compris par voie de presse ou de radio) et expliquer que
l'intelligence en informatique ne peut pas passer par des systèmes
propriétaires car les enjeux touchent notre rapport à la technique
contemporaine, qui est faite d'agents d'automatisation des tâches,
c'est-à-dire de notre rapport au travail, au temps, au loisir et à la
communication. Comme on le voit en matière de génétique (les enjeux sont
complexes et nécessitent une réflexion et une culture philosophique), en
matière de GPL, on se trouve dans un débat plus obscur (mais non moins
important): aurons-nous les moyens de maîtriser nos outils et de
collaborer à leur conception, ou faudra t-il se plier à la prolifération
commerciale de gadgets coûteux en vue de subir la marchandise ? Je vois
bien que je m'éloigne du sujet initial, mais pas tant que ça: si la
cause est importante et si les solutions sont viables, il faut se donner
des moyens financiers importants pour la défendre et se donner une base
d'acteurs agissante, éclairée et motivée.

Or, où est cette base? Qui la connait? Quelles sont les instances
fédératives françaises? Européennes? Quels sont les groupes actifs qui
s'occupent de la législation en matière de brevets logiciels? Cela est
certes connu. Mais est-ce BIEN connu, identifiable? Nous connaissons
Linus Torvalds (du moins ceux qui utilisent Linux). Mais même ceux qui
ne se servent pas de windows connaissent Bil Gates qui a monté sa
société au début des années 80. S'il y a un déficit de la GPL, c'est
sans doute aussi parce qu'elle n'est pas aussi spectaculaire que
l'enrichissement subi de Gates. Mais c'est surtout parce que les
opérations en vue d'en promouvoir l'intelligence et l'usage sont malgré
tout confinées à des "install party" et autres choses de ce genre. C'est
bien, et je crois que ça finit par porter des fruits. mais faire une
conférence au Sénat c'est encore mieux. Envoyer un courrier à tous les
acteurs de la liste Debian pour qu'ils donnent 50 euros, c'est mieux que
d'annoncer que Red Hat a fait breveter telle ligne de code.

Bon, je suis trop bavard. Je veux seulement souligner la disproportion
entre les enjeux et les moyens disponibles. Puis, le danger qu'il y a à
idéologiser l'action (comme le fait les IRIS), c'est-à-dire à employer
des attitudes militantes qui semblent justifier tous les propos du fait
que la cause est juste. Pour le reste, bon courage à ceux qui mouillent
leur chemise.

JP
Il me semble, au passage, que Raphaël Hertzog avait mis la question de
la communication dans une des priorités de sa campagne. En tout cas je
me félicite d'avoir fait réagir quelqu'un qui est très engagé et 


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