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Re: Debian/GNU Linux et la politique



On Mon, 22 Apr 2002 15:30:35 +0200
Vazco <vazco@altern.org> a écrit:

> Le lundi 22 avril 2002, à 14:10, Adeimantos écrivait :
> > On Mon, 22 Apr 2002 13:20:53 +0200
> > Vazco <vazco@altern.org> a écrit:
> > 
> > > Le lundi 22 avril 2002, à 13:21, Matthieu Moy écrivait :
> > > > Pierre Blanchet <Pierre.Blanchet@solsoft.fr> writes:
> > > > 
> > > > > 	Je dirais même plus Debian est une expérience libertaire 
> > > > > qui marche.					      ^^^^^^^^^^
> > > > 
> > > > Finalement,  je me demande  si le  logiciel libre  est plus 
> > > > proche de l'ultra-libéralisme ou  d'une espèce  de communisme
> > > > amélioré.  En tous cas, ça marche et ça me plait ! 
> > > 
> > > La réponse à la question que tu te poses est dans la phrase que tu
> > > cites.
> > > 
> > > 
> > 
> > Pas sûr ;-) La notion de liberté développée dans les propos de RMS
> > accrédite en effet l'idée d'un espace informatique libertaire (et donc
> > communiste);
> 
> C'est marrant, chez moi, le terme libertaire a toujours été associé à
> l'anarchisme, pas du tout au communisme...

L'état final du socialisme c'est le communisme au sens de Marx (et de
Platon?), c'est-à-dire la communauté des biens et le dépérissement de
l'État; chez Platon, il faut ajouter la communauté des femmes et des
enfants (dans "la République"), mais l'intention et les fonements
platoniciens de la "Cité en paroles" n'ont pas grand chose à voir avec
Marx.> 
> > mais il s'agit plus de coopération horizontale entre
> > développeurs et système de promotion de compétences (voir le mécanisme
> > électif du Debian Project Leader) en vue d'une efficacité technique
> > que d'une "vision" philosophique politique.
> 
> C'est donc bien un anarchisme, qui signifie « Conception politique qui
> tend à supprimer l'état, à éliminer de la société tout pouvoir disposant
> d'un droit de contrainte sur l'individu », je le rappelle, mais dont le
> domaine d'application se limite à un domaine technique.
> La Debian Policy est très rigoureuse sur l'aspect "libre" et reflète
> bien une vision politique. Ce que tu décris (l'efficacité technique
> comme objectif) me semble davantage relever des arguments des
> partisans de l'Open-Source en général qui veulent généralement
> soigneusement éviter toute attitude politique.
> 
Le fait que l'informatique libre soit un outil technique (hardware et
sofware confondus) en vue du bonheur, ne peut masquer le fait que son
caractère politique réside plus dans son mode d'accès (via l'enseignement
technique) et sa statut commercial que dans son essence même. La vie
politique repose sur le lien social et le rapport de chacun et de tous à
la Loi, plus que sur l'usage des instruments et des machines.

> > [...] C'est là une vision héritée de Montesquieu, admiratif du
> > système politique anglais. Sous cet aspect, Linux/Debian me semble une
> > figure majeure du libéralisme, qui contrairement à ce qu'on croit ne
> > signifie pas assassiner les plus faibles. 
> 
> Encore faut-il savoir de quoi l'on parle. Il y a souvent une confusion
> du terme « libéralisme ». Le libéralisme politique des penseurs des
> Lumières et le libéralisme économique qui fait la une des journaux en ce
> moment n'ont pas grand chose en commun. Ce dernier est d'ailleurs plus
> volontier anti-libéral politiquement.

Tout à fait d'accord! J'ajoute que le libéralisme de Tocqueville est
encore une nuance par rapport au libéralisme des Lumières, voire au
libéralisme d'un Spinoza.> 
> > Il serait intéressant de creuser
> > l'aspect politique de Linux (en mettant ensemble toutes les
> > contributions de ses promoteurs) en s'attachant à ses fins ultimes.
> > Certes, il ne s'agit pas de faire de l'argent, mais il n'est pas
> > interdit d'en faire; certes, il s'agit de promouvoir une technique
> > socialement utile (mais l'utilité ne se décrète pas d'elle-même,
> > encore faut-il qu'elle s'appuie sur des valeurs), fondée sur une
> > expertise accessible aux plus faibles économiquement (mais pas
> > intellectuellement), mais il s'agit quand même seulement du désir de
> > contrôler le savoir technique informatique; ce dernier aspect est très
> > intéressant, mais à lui seul reste assez anecdotique.
> 
> Stallman ne cesse d'insister là-dessus (on le lui reproche assez). Je
> vois mal comment tu peux le qualifier d'anecdotique.

Je veux dire qu'on ne peux faire de la GPL à elle seule un horizon
politique, étant donné qu'elle porte sur un segment (celui certes de
l'informatique, champ en expansion) réduit des pratiques techniques
humaines. Il y a une question philosophique intéressante: en quoi l'art
libéral de l'informatique au sens de RMS a t-il quelque chose à voir avec
la prudence du politique (si quelqu'un veut faire une maîtrise sur ce
sujet...)? Je parle d'"art" au sens de "technique" et de "prudence" au
sens de "sagesse pratique (phronèsis)".

> Honnêtement, je ne vois pas de raisons sur le plan purement technique de
> privilégier les logiciels libres par rapport aux logiciels
> propriétaires (il m'arrive de conseiller le choix de Windows 2000, sur
> des critères purement techniques).

Pourtant, il me semble assez évident qu'apprendre à modifier un code
source et produire du code propre en GPL à une classe de jeunes apprentis
permet d'accèder à une informatique plus "souple", moins standardisée
selon des exigences commerciales à court terme. Mais je ne suis pas un
expert.> 
> > [...]  Pour être clair, il ne faudrait pas
> > oublier (avant de parler de droite, de gauche, etc. dans l'univers
> > Debian) que l'aventure Debian est une "expérience" de travail
> > collaboratif dans le domaine de l'informatique. En sont exclus les
> > mordus de la chasse et de la pêche, les nudistes, les collectionneurs
> > de casoars, les artisans, les paysans, les nonnes et les intestats
> > (liste non limitative). À suivre ...
> 
> Je ne vois pas pourquoi les nonnes, collectionneurs de Casoars, et
> autres... en seraient exclus ??
> Pour les chasseurs, je suis moins sûr (le pingouin est une espèce
> protégée, non ?) :)

Parce qu'ils sont experts en un autre domaine ;-)

> 
> PS : je nous trouve très fort d'arriver à parler de politique ET de
> Debian en ce moment...
> 

Pas si forts que ça, car en filigrane des questions GPL, il y a une
ethique de l'artisan, une éthique du travail collaboratif; sans doute
cette éthique est-elle modeste, mais elle ressemble à celle des
compagnons. 

JP

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«Few discoveries are more irritating than 
those which discover the pedigree of ideas.»
John Edward Emerich Dalberg, Lord ACTON


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