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Re: Debian/GNU Linux et la politique, était [BRUIT] honte a moi, je suis francais



On Mon, 22 Apr 2002 13:20:53 +0200
Vazco <vazco@altern.org> a écrit:

> Le lundi 22 avril 2002, à 13:21, Matthieu Moy écrivait :
> > Pierre Blanchet <Pierre.Blanchet@solsoft.fr> writes:
> > 
> > > 	Je dirais même plus Debian est une expérience libertaire 
> > > qui marche.					      ^^^^^^^^^^
> > 
> > Finalement,  je me demande  si le  logiciel libre  est plus  proche de
> > l'ultra-libéralisme ou  d'une espèce  de communisme amélioré.  En tous
> > cas, ça marche et ça me plait ! 
> 
> La réponse à la question que tu te poses est dans la phrase que tu
> cites.
> 
> 

Pas sûr ;-) La notion de liberté développée dans les propos de RMS
accrédite en effet l'idée d'un espace informatique libertaire (et donc
communiste); mais il s'agit plus de coopération horizontale entre
développeurs et système de promotion de compétences (voir le mécanisme
électif du Debian Project Leader) en vue d'une efficacité technique que
d'une "vision" philosophique politique. On ne peut pas dire que
l'expérience Linux soit originale, sinon en informatique, où certes la
coopération et le statut de la licence GPL sont originaux dans un univers
commercial assez âpre, du moins en tant que développement technique.
Quiconque a travaillé dans une association loi de 1901 ou dans une ONG sur
un projet en sait quelque chose. Ce qui est discutable dans le mouvement
Linux (et ce qui le rend étrangement attachant), c'est son aspect "new
age" et un peu innocent à l'égard des choses humaines; on a là la tendance
"Frontier", chère aux américains: il ne reste plus qu'à construire une
maison dans les arbres , pilotée par des machines sous Hurd et la boucle
sera bouclée. Une autre tendance, moins libéralo-libertaire (moins "new
age", si vous voulez), est la tension entre d'un côté l'efficacité
technique et de l'autre le contre-pouvoir que constitue la licence GPL; on
pourrait dire sans trop se tromper qu'il y a dans ce mécanisme quelque
chose qui rappelle le "check and balances" du système constitutionnel
américain: s'il y a un pouvoir, il doit être contrebalancé par un
contrepouvoir. C'est là une vision héritée de Montesquieu, admiratif du
système politique anglais. Sous cet aspect, Linux/Debian me semble une
figure majeure du libéralisme, qui contrairement à ce qu'on croit ne
signifie pas assassiner les plus faibles. Il serait intéressant de creuser
l'aspect politique de Linux (en mettant ensemble toutes les contributions
de ses promoteurs) en s'attachant à ses fins ultimes. Certes, il ne s'agit
pas de faire de l'argent, mais il n'est pas interdit d'en faire; certes,
il s'agit de promouvoir une technique socialement utile (mais l'utilité ne
se décrète pas d'elle-même, encore faut-il qu'elle s'appuie sur des
valeurs), fondée sur une expertise accessible aux plus faibles
économiquement (mais pas intellectuellement), mais il s'agit quand même
seulement du désir de contrôler le savoir technique informatique; ce
dernier aspect est très intéressant, mais à lui seul reste assez
anecdotique. AMHA, c'est en tant que technique développée en vue de
l'utilité sociale, dans un contexte de coopération internationale basée
sur du volontariat que Debian/GNU Linux pose un problème politique: voir
l'attitude de la Chine. En résumé: comme mode de développement de
l'industrie du logiciel Debian GNU/Linux pose de bonnes questions et
propose un développement favorisant la liberté. Mais Debian GNU/Linux
n'est pas un parti, ni un mouvement politique, ni même une spécialité
universitaire enseignée en Sciences Politiques, ni même un mouvement
sectaire comme l'est la Scientologie. Pour être clair, il ne faudrait pas
oublier (avant de parler de droite, de gauche, etc. dans l'univers Debian)
que l'aventure Debian est une "expérience" de travail collaboratif dans le
domaine de l'informatique. En sont exclus les mordus de la chasse et de la
pêche, les nudistes, les collectionneurs de casoars, les artisans, les
paysans, les nonnes et les intestats (liste non limitative). À suivre ...


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«Few discoveries are more irritating than 
those which discover the pedigree of ideas.»
John Edward Emerich Dalberg, Lord ACTON


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