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Le jeudi 22 mai 2003, à 11:07, Yannick Roehlly écrivait :
> Je suffixe  « -iste  », signifie  « celui qui  fait »  (le praticien).
> Ainsi, dire qu'un ordinateur est petit-boutiste, cela se tient.
> 
> Par contre,  n'utilisent-on pas "little/big-endian"  aussi pour parler
> des formats de fichiers (en multimédia notamment) ? Dans ce cas là, le
> préfixe « -iste  » n'a plus lieu d'être AMHA.  Il faudrait donc parler
> de format « petit-boutien ».

Je remarque que Yannick présente très partiellement le sens de la
suffixation en « -iste » et ne parle pas du tout de celui du suffixe
« -ien ». Mettons les choses un peu à plat, et chacun jugera.

D'après le « Dictionnaire historique de la langue française », sous la
direction d'Alain Rey, éd. Dictionnaires Le Robert, 1994 :

-isme : suffixe savant, vient du grec -ismos, par l'intermédiaire du
	 bas latin -ismus, et sert à former des substantifs masculins.
	 Ce suffixe est très utilisé, sous la forme -ismus, dans le
	 latin scholastique, d'où il est passé en français, entrant dans
	 la formation de nombreux dérivés à partir de la Renaissance. Il
	 a été très productif dans la première moitié du XIXe s. pour
	 construire des termes politiques, économiques et philosophiques,
	 puis s'est employé dans l'ensemble du lexique.
	 Joint à un nom ou à un adjectif, -iste forme des termes
	 politiques et sociaux avec la valeur de «système d'opinions»,
	 «attitude, tendance», souvent combiné avec des préfixes comme
	 anti-, pro-..., des termes de philosophie, de science, de
	 religion («doctrine», «croyance»), des termes littéraires,
	 artistiques («école», «tendance») ; -isme dénote une attitude
	 positive par rapport à la croyance, etc. représentée par la
	 base.
	 Par ailleurs, il a pour valeur «attitude et activité (conforme
	 à la tendance qu'exprime la base)», par exemple dans
	 constructivisme ou «favorable à une personne, un groupe»
	 (américanisme).
	 Correspondant parfois à l'idée d'«activité professionnelle»
	 (journalisme), le suffixe peut exprimer un caractère ou un état
	 particulier, une maladie (mongolisme).  -isme se construit
	 aussi avec des noms propres (bovarysme), notamment en politique
	 (gaullisme), avec des verbes (dirigisme)
	 ou des syntagmes (je-m'en-foutisme).
	 La plupart des mots en -isme correspondent à une forme en -iste
	 (adj. et n.).

-iste : suffixe savant d'origine grecque (-istês) passé en français par
         le latin -ista, sert à la formation de substantifs désignant des
         personnes et d'adjectifs qui correspondent souvent à un dérivé
	 en -isme.
	 Les mots ainsi formés se rapportent à l'exercice, par la
	 personne désignée, d'un métier (journaliste), d'une activité
	 (canoéiste), d'une spécialité (urbaniste) ou à son adhésion à
	 une doctrine, un mode de vie, de pensée, etc. (royaliste,
	 communiste, gaulliste, humaniste). Le plus souvent, à un mot en
	 -iste correspond un nom masculin en -isme. La formation de mots
	 en -iste reste très productive, spécialement avec les noms
	 propres (maoïste, castriste, etc.) ; seules des difficultés
	 phonétiques peuvent bloquer le système.
	 Les composés en -iste se prêtent à la préfixation par anti-
	 (antistructuraliste), parfois par pro- (procommuniste).

-ien, ienne : suffixe, est issu du suffixe latin -anum (-ain en ancien
         français) précédé d'une palatale, comme dans doyen (de decanu),
	 moyen (de medianu), ou d'un suffixe latin -ianum.
	 Joint à des noms, ce suffixe sert à former des adjectifs ou des
	 noms désignant la profession, la nationalité, etc. Ce suffixe,
	 très productif au XIXe s., le demeure au XXe s., surtout pour
	 les formations à partir de noms propres.

Seuls les plus obtus des boutiennistes refuseront de concéder qu'au vu
de cette sémantique, le choix de « boutien » par les (un ?)
traducteurs des Voyages de Gulliver est plutôt malvenu.

En effet, si le lilliputien qualifie à juste titre l'habitant de
Lilliput (le lilliputiste n'étant qu'un partisan de Lilliput dans le
débat public, sans pour autant être lilliputien lui-même), on serait
bien en peine de voir d'emblée dans le (gros|petit) boutien le défenseur
d'une doctrine.

D'ailleurs, comment qualifier dès lors cette doctrine ? (ceux qui
pensent à « boutianisme » me feront vingt pompes et seront de corvée
de CVS pendant une semaine ;-))

-- 
Laurent, debianiste petit boutiste sur système gros boutiste



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