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Re: Humeur : Tartuffe chez les Verdurin



On Fri, Oct 15, 1999 at 09:03:49AM +0200, Stephane Bortzmeyer wrote:
> C'est vrai mais cela n'a rien de spécifique à Debian. N'importe quelle autre activité militante a exactement les mêmes problèmes et fournit la même expérience sociale. Debian, Amnesty, Ras l'Front, Act-up, la CGT, choisissez !
> 
> Beaucoup de gens qui râlent contre les "problèmes" de Debian n'ont aucune expérience militante et ils dramatisent donc des ennuis tout à fait banals.

C'est vrai, je ne peux pas présenter de tels titres de gloire.

Je ne suis qu'un con d'ancien Sous-Lieutenant du 11ème RAMa, ayant emmené
son équipe à l'assaut avec la 2ème Cie du 3ème RIMa sur une division irakienne
qui commandait la route vers Al Salman.
J'ai eu la croix de guerre, pour quelque chose de probablement fabuleux puisque
moi-même je n'en trouve pas d'explication réelle.
A moins qu'on nous ait récompensés parce que, pour une fois qu'un ancien
de la IVème République, décoré de la francisque, démarrait une guerre coloniale
sans que ça se termine en désastre, il fallait le fêter.

Curieusement, je n'étais pas bien content de ce qu'on nous avait fait faire.
Je ne dois rien comprendre à l'"ingérence humanitaire".
Moi, je ne m'étais pas engagé pour aider l'Islam intégriste et les compagnies
pétrolières américaines.
Les Irakiens sont des gens bien. Eux.

J'ai quitté l'armée. Mais on ne peut pas appeler ça militer...On peut pas 
comparer...

Dans le civil, nous nous sommes retrouvés un groupe de 16 jeunes gens,
employés par des consciences de gauche, qui pouvaient sans fin pérorer,
la bouche pleine, sur les 'pôvres, ma chère'. Ils les aiment tellement, qu'ils
n'arrêtent pas d'en créer...

Comme je ne comprends pas toujours les subtilités ( cheveux courts, idées 
courtes), je me suis fâché. Et j'ai emmené le groupe. La lutte a durée
de longs mois. Avec toujours la même proportion de gens actifs - peu-,
de gens qui ne se mettaient pas en avant mais qui acceptaient loyalement
de suivre ( 40%), de gens qui ont suivi tant que l'intérêt était immédiat
et le danger pour les autres ( 40%),et une minorité de grandes gueules
qui ne s'occupaient que de leurs petites personnes, trouvaient qu'"on"
n'en faisait jamais assez, et se sont retournées contre moi à la 
première occasion.

Mais, bon : on ne peut pas appeler ça militer. On peut pas comparer.

Cependant, ce n'est pas à moi qu'on apprendra qu'une bonne action ne reste
jamais très longtemps impunie.

Si vous voulez éviter d'être déçus, battez-vous pour des idées, pas pour
des hommes : ils n'en valent généralement pas la peine.

-- 
Thierry LARONDE
thierry.laronde@polynum.com
website : http://www.polynum.com

"La peur est la sagesse du con."
	Adrien Herryolt, "Précis de démocratie par la pratique".


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