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Re: [Hors sujet et dérive sur les licenses] Re: Possible missing firmware



Bonsoir Odile,

Odile Benassy a écrit :
> Sans parler d'opposition ici (je parlerais plutôt de distinction), je
> vais te répondre que les mots ont une importance (1) aussi par
> l'impact qu'ils ont sur les lecteurs.

La terminologie poussée par l'OSI correspond à une approche purement
technique, qui évacue toute considération éthique, alors que la
terminologie poussée par la FSF s'inscrit dans cette dimension éthique,
voire politique. Donc, oui, à la base, les termes « libre » et « open
source » sont connotés et ne devraient pas être synonymes.

Mais dans la pratique, l'essentiel des licences libres étant open source
et réciproquement, l'utilisateur dispose des libertés voulues par la
FSF, que l'acteur se situe dans la mouvance libre ou open source, et
c'est bien ce qui compte.

En réalité, c'est le comportement et les pratiques de l'acteur – et non
la terminologie qu'il utilise – qui changent la donne. Comme je le
disais pas plus tard que ce matin à un ami qui réagissait en privé à un
article que j'ai récemment publié [1], si nous avons une définition du
logiciel libre et du logiciel open source, nous n'en avons pas des
pratiques associées. Quand un éditeur joue-t-il honnêtement le jeu du
libre ou de l'open source ? Quand ne le fait-il pas ? Un éditeur qui se
contente de tenir à la disposition des utilisateurs qui le demandent le
code source des versions officielles de son logiciel, et qui ne met rien
en place pour qu'une communauté se crée, suive les développements et
contribue joue-t-il le jeu du logiciel libre ? D'après la FSD, oui. Pour
moi, non. Ce « libre » là n'est qu'un affichage et l'éditeur sait qu'en
annonçant dans ces conditions que son logiciel est libre et disponible
sous une licence fortement diffusive (GNU GPL, CeCILL, EUPL), personne
ne viendra lui faire de l'ombre sur son marché et il restera seul maitre
à bord. L'utilisateur est alors autant captif qu'il l'est avec une
solution propriétaire. Mais l'éditeur de cette dernière a le mérite
d'assumer sa stratégie commerciale. Je me répète, mais c'est bien lors
d'une RRLL (Rencontre Régionale du **Logiciel Libre**) qui s'est tenue
en 2018 à Toulouse que j'ai entendu deux conférenciers d'entreprises
différentes (membres de clusters régionaux adhérant au CNLL) dire que le
code source, on s'en fichait, qu'il fallait arrêter de se focaliser
dessus, que ce qui intéressait les utilisateurs, c'était le service
(« parce que ma grand-mère, elle n'en a rien à foutre du code source de
Firefox »). Face à des « libristes » pareils, je préfère mille fois la
compagnie de certains adeptes de l'open source, qui publient sur leur
forge et au fil de l'eau le code source, la documentation, les tests et
les données de référence de leur logiciel, qui assurent un support de
qualité via un forum, acceptent les contributions de tiers, ont des
committers externes, une gouvernance ouverte et un comité de pilotage
ouvert à d'autres.

> Cependant, les deux termes éveillent des images différentes en
> elles-mêmes et donc influent différemment sur la vision que les
> béotiens -- dont les décideurs font à peu près toujours partie
> malheureusement -- ont du sujet. "Open source" est compris comme "on
> peut lire le code". Tandis que le "libre" suggère tout de suite autre
> chose !

À titre personnel, je continue à privilégier volontairement le terme
« logiciel libre », car je sais ce qu'il recouvre, et à force de
l'employer dans mon entreprise, j'ai réussi à ancrer ce terme dans les
esprits. Mais cela fait bien longtemps que l'emploi du terme open source
en lieu et place de logiciel libre me laisse froid. Quel que soit le
terme employé, je préfère me baser sur les actes et les pratiques que je
constate pour me faire mon opinion de mon interlocuteur.

Et à propos de pratiques, comme tu l'évoques, le problème se situe plus
dans le logiciel enfoui, dans le cloud et le SaaS, tous ces domaines
dans lesquels le logiciel s'efface au profit du service. Les gens
perdent l'habitude d'utiliser des logiciels et prennent celle d'utiliser
des services. Ce faisant, ils redeviennent captifs, non du logiciel,
mais du service.


> Sur ce, je te souhaite une bonne année

Merci, de même.

Sébastien


[1] Évolutions de la gouvernance des projets libres

    https://www.palabritudes.net/2020/12/29/evolutions-gouvernance-projets-libres.html

-- 
Sébastien Dinot, sebastien.dinot@free.fr
http://www.palabritudes.net/
Ne goûtez pas au logiciel libre, vous ne pourriez plus vous en passer !


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