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Re: Debian pour des navigations bateau ?



merci pour cette intéressante mise aux point.

En somme la cartographie, c'est comme les infos : il vaut mieux recouper les sources pour se faire une idée précise de la situation. Et celui qui n'a jamais fait plus de trois retouches sur ces outils, je salue quand même le résultat produit.

amitiés

Le 29/05/2020 à 00:04, Sébastien Dinot a écrit :
Bonsoir,

kaliderus a écrit :
Oui je connais l'outil openseamap, le soucis est la qualité des
informations, ayant comparé par curiosité sur un secteur dont j'ai une
carte officielle, on est bien loin de la réalité du SHOM :-(
Diantre, l'emploi du terme « réalité » dans ce contexte ne peut que
faire réagir le mappeur que je suis.

Entendons-nous bien, à aucun moment, je ne voudrais faire croire
qu'OpenStreetMap ou OpenSeaMap sont des cartes complètes et à la
fiabilité garantie. Primo, la qualité de la donnée OS est très
hétérogène. Elle va selon l'endroit considéré, de la feuille blanche
à la donnée la plus complète et fiable qui existe, en passant par des
tracés très approximatifs. Secundo, en 11 ans de contribution massive
à OSM, j'ai pu constater que notre territoire était bien plus vivant que
le quidam ne l'imagine. Même la donnée qui a reflété fidèlement la
réalité à un instant précis peut être totalement erronée à l'heure où on
s'en sert. L'IGN et le SHOM n'échappent pas à cette obsolesence et ce
d'autant moins que leurs moyens humains sont peut-être plus limités que
ceux d'OSM (mais il compensent avantageusement par des méthodes et des
outils de pointe, des moyens matériels sans commune mesure avec ceux
à disposition des particuliers et un historique dépassant le siècle).

Ainsi, on peut tout aussi bien prendre en défaut la donnée du SHOM que
celle de l'IGN. Je connais mieux la cartographie terrestre et je peux
donc être plus péremptoire au sujet de l'IGN : je connais des endroits
où les cartes de l'IGN n'ont pas été révisées depuis des décennies
(sic !), des endroits où elles contiennent des erreurs grossières (il
m'est même arrivé par deux fois de me perdre en randonnée pour avoir
fait trop confiance à une carte Top25 de l'IGN). Et je connais des
endroits où OSM reflète plus fidèlement la réalité du terrain que les
cartes de l'IGN. Il y a quelques années, l'IGN commettait l'erreur de
mesurer la qualité d'OSM en prenant la donnée de l'IGN en référence.
Après s'être ridiculisé plus d'une fois, l'IGN a arrêté. Seule un relevé
de terrain minutieux et récent constitue une référence solide.

Quant à la donnée du SHOM, elle est faite de bric et de broc. Par
exemple, la base bathymétrique contient aussi bien des relevés très
récents, effectués avec des technologies de pointe, que des relevés
effectués au 19ème siècle, avec les moyens de l'époque et un
géoréférencement dont je vous laisse deviner la précision. Et quid des
bancs de sable qui se déplacent dans la manche au gré des courants à une
vitesse telle qu'ils ont donné naissance aux bateaux-phares.

Pour en revenir à l'IGN, voici une petite anecdote. Il y a quatre ou
cinq ans, l'un de mes collègues a été chargé d'évaluer la qualité d'un
outil d'orthorectification en zone très accidentée. Pour cela, il lui
fallait une référence fiable. Il a donc recherché la géolocalisation
précise (longitude, latitude et altitude) d'une aiguille des Alpes dont
le sommet est un ovoïde étroit, ne dépassant pas les 10 mètres de long.
Il a trouvé 4 références considérées comme très fiables, dont 2 en
provenance de l'IGN. Quelle n'a pas été sa surprise de constater que les
coordonnées du sommet dans ces bases institutionnelles variaient d'une
base à l'autre de 120 m en planimétrie et de 20 m en altimétrie (sic !).
Et de mémoire, les deux points les plus éloignés étaient les deux en
provenance de l'IGN.

Bref, la cartographie est un art difficile et éphémère : à l'instar de
la planification en informatique, le terrain bouge et lui donne tort
sitôt la carte établie. :)

Sébastien

PS : Ce n'est pas pour la beauté du geste que Toulouse Métropole
      commande une nouvelle orthophotographie des 460 km2 de la
      « métropole » tous les deux ans.



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