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Re: Authentification LDAP



On Tue, Jan 13, 2009 at 05:32:27PM +0100,
 Kevin C <linux@tuxalafenetre.net> wrote 
 a message of 47 lines which said:

> J'ai ajouté  ça dans /etc/pam.d/system-password

Non, cela ne concerne que le changement de mot de passe, pas la
connexion.

Comptes Unix stockés sur LDAP

http://www.bortzmeyer.org/comptes-unix-ldap.html

----------------------------

Si on gère de nombreux ordinateurs multi-utilisateurs, on se pose 
forcément la question de la centralisation des *comptes*, des 
informations sur les utilisateurs. Il est très pénible de devoir créer 
un compte sur N machines dès qu'un nouvel employé arrive ou de devoir 
se rappeler des M mots de passe précédents parce qu'on ne les a pas 
changé sur toutes les machines. Il existe plusieurs solutions 
techniques à ce problème, et je présente ici l'utilisation de LDAP pour 
gérer une base centralisée de comptes, notamment pour des machines 
Unix.

LDAP est un protocole client-serveur d'interrogation d'un annuaire. Il 
offre donc quelques analogies avec le DNS. Mais son histoire est très 
différente. Issu à l'origine du projet X.500, il en est aujourd'hui le 
seul survivant. LDAP est normalisé dans les RFC 4510 et suivants.

LDAP est juste un protocole, il n'impose rien sur le mécanisme de 
stockage des données, dont on dira un mot au moment de configurer le 
*serveur*. Mais nous allons commencer par la configuration du *client*, 
car il y a davantage de clients que de serveurs.

Nous avons donc une machine Unix (en l'occurrence une Debian) qui a une 
base d'utilisateurs traditionnelle (le fichier /etc/passwd) et qui 
voudrait l'enrichir avec les informations venues du serveur LDAP 
ldap.example.org. L'administrateur de ce serveur nous a donné le nom du 
serveur et la *base* à utiliser, dc=example,dc=org (contrairement au 
DNS, LDAP ne part pas de la racine mais d'une base, souvent dérivée 
d'un nom de domaine). L'administrateur nous dira également la version 
utilisée (la version 3 reste aujourd'hui la seule) et le mécanisme 
d'authentification auprès du serveur (contrairement au DNS, un serveur 
LDAP peut nécessiter une authentification des clients), l'usage ou non 
de TLS, etc. Les objets LDAP décrivant les utilisateurs seront 
probablement de la *classe* posixAccount.

Que faut-il connaitre sur LDAP encore ? Outre les références à la fin 
de cet article, nécessaires pour tout savoir, notons simplement que 
chaque objet stocké dans la base LDAP a un DN ("Distinguished Name") et 
que ce DN l'identifie de manière unique. Le DN est formé de plusieurs 
composants, chaque composant étant un doublet attribut=valeur. Par 
exemple, uid=bleriot,ou=People,dc=example,dc=org est un DN.

Utilisons le client ldapsearch (un outil de test, comme dig pour le 
DNS ; sur Debian, il est dans le paquetage ldap-utils) pour tester que 
notre machine peut joindre le serveur :

% ldapsearch -h ldap.example.org -x -b dc=example,dc=org  \
             '(objectClass=posixAccount)'
...
dn: cn=Louis Bleriot,ou=People,dc=example,dc=org
objectClass: posixAccount
objectClass: shadowAccount
cn: Louis Bleriot
sn: bleriot
uid: bleriot
uidNumber: 1011
homeDirectory: /home/bleriot
gecos: Louis Bleriot
loginShell: /usr/bin/zsh
...
(-x veut dire accès anonyme, sans authentification)
Une fois qu'on est sûr du serveur, nous pouvons commencer à configurer
le client.


Pour éviter de mettre du code LDAP dans chaque application qui fait de 
l'authentification (une liste pas du tout limitative nous donne sshd, 
login, sudo, etc), Unix utilise en général le système PAM dans lequel 
l'application appelle un greffon PAM pour les différentes opérations. 
PAM à son tour charge, selon sa configuration, du code LDAP (ou bien 
utilisant d'autres techniques d'authentification).

On va donc installer le support LDAP de PAM. Sur une Debian, c'est le 
paquetage libpam-ldap. Il faut le configurer pour lui donner les 
informations que nous a transmises l'administrateur système. Cela se 
fait dans /etc/pam_ldap.conf dont voici les extraits pertinents :

# On peut aussi indiquer le serveur par la directive "uri" mais je n'ai 
# jamais réussi à la faire fonctionner
host ldap.example.org
base dc=example,dc=org
# Ne pas oublier ces trois lignes, commentées par défaut !
nss_base_passwd ou=People,dc=example,dc=org?one
nss_base_shadow ou=People,dc=example,dc=org?one
nss_base_group          ou=Group,dc=example,dc=org?one
# Pour savoir quel couple attribut/valeur ajouter à la base (ici ou=People),
# demander à l'administrateur du serveur LDAP.
On configure ensuite PAM pour
utiliser LDAP, dans /etc/pam.d. Chaque application
qui authentifie a un fichier dans ce répertoire mais la plupart des
fichiers se contentent d'inclure les fichiers communs comme
common-auth. Éditons
common-auth pour se servir de LDAP (l'ordre du
fichier est significatif, c'est celui dans lequel on utilisera les
différentes techniques) :


# Utiliser LDAP
auth       sufficient     pam_ldap.so
# Garder une authentification traditionnelle au cas où...
auth    required        pam_unix.so nullok_secure

Même chose pour common-account et
common-password.

Sommes-nous prêts, désormais, à authentifier ? Pas tout à fait. PAM ne 
fait que l'authentification. Mais une base d'utilisateurs, sur Unix, 
sert à bien d'autres choses. Par exemple, même une commande aussi 
simple que ls -l va nécessiter de traduire les uid numériques que 
contient le fichier en noms alphabétiques. Unix fait pour cela appel à 
un autre système, dont la configuration doit se faire indépendamment de 
LDAP, NSS (le projet NSS a été décrit à l'origine dans le RFC 2307).

Installons donc NSS LDAP, c'est le paquetage Debian libnss-ldap. Puis 
configurons-le dans /etc/libnss-ldap.conf :

# On peut aussi indiquer le serveur par la directive "uri" mais je n'ai 
# jamais réussi à la faire fonctionner
host ldap.example.org
base dc=example,dc=org
# rootbinddn ne fonctionne pas pour moi et n'est de toute façon pas
# très utile
#rootbinddn cn=admin,dc=example,dc=org
# Ne pas oublier ces trois lignes, commentées par défaut !
nss_base_passwd ou=People,dc=example,dc=org?one
nss_base_shadow ou=People,dc=example,dc=org?one
nss_base_group          ou=Group,dc=example,dc=org?one
# Pour savoir quel couple attribut/valeur ajouter à la base (ici ou=People),
# demander à l'administrateur du serveur LDAP.

Puis indiquons à NSS qu'il doit utiliser LDAP, ce qui se fait dans
/etc/nsswitch.conf :


passwd:         compat ldap
group:          compat ldap
shadow:         compat ldap

Maintenant, tout devrait marcher. Il est temps de tester. Commençons
par demander la liste des comptes :


% getent passwd
...
bleriot:x:1011:110:Louis Bleriot, Test account:/home/bleriot:/usr/bin/zsh

On doit voir apparaitre les comptes purement LDAP. On peut aussi
utiliser des commandes qui affichent des informations sur les
utilisateurs :


% finger bleriot
Login: bleriot                           Name: Louis Bleriot
Directory: /home/bleriot                 Shell: /usr/bin/zsh
Office:  Test account 
...

Ou bien (*attention*, après la modification de
nsswitch.conf, les applications qui tournent
doivent être redémarrées. finger était lancé
après mais le shell a sans doute été lancé avant et c'est lui qui
interpréte le tilde) :


% cd ~bleriot               
% pwd
/home/bleriot



Enfin, il ne reste qu'à s'authentifier (même avertissement : il faut 
redémarrer les programmes qui utilisent NSS comme le serveur SSH). 
Normalement, on doit pouvoir désormais se connecter et travailler comme 
si on avait un compte local.

Et si cela ne marche pas ? Il faut tester avec ldapsearch, regarder les 
journaux du serveur SSH et, si on y a accès, regarder le journal du 
serveur LDAP (/var/log/syslog par défaut sur Debian). On peut aussi se 
servir d'autres clients LDAP comme ldapsh 
(http://ldapsh.sourceforge.net/) qui permet de naviguer dans la base 
LDAP comme si c'était un système de fichiers, ou comme l'excellent 
programme graphique GQ (http://gq-project.org/).

D'autres programmes peuvent s'authentifier avec LDAP. Par exemple, le 
SGBD PostgreSQL a une telle option 
(http://www.postgresql.org/docs/current/static/auth-methods.html#AUTH-LD
AP) qu'on peut mettre dans son pg_hba.conf. Elle a l'air simple mais je 
ne suis jamais arrivé à obtenir de PostgreSQL des requêtes LDAP 
correctes, même après avoir beaucoup regardé ce que recevait le serveur 
LDAP. L'authentification LDAP de PostgreSQL est en outre assez rigide 
(pas de filtres, par exemple). Donc, j'utilise plutôt l'option PAM qui 
tire profit de la configuration ci-dessus :

hostssl  all        USERNAME         192.0.2.240/28      pam


Maintenant, si le système d'exploitation utilisé n'est pas Debian, mais 
FreeBSD ? Depuis quelques années, FreeBSD dispose également de PAM et 
de NSS. La démarche est la suivante (elle est bien documentée dans 
"LDAP Authentication 
(http://www.freebsd.org/doc/en/articles/ldap-auth/index.html)" :
* Installer les ports pam_ldap et nss_ldap.
* Configurer le client LDAP en /usr/local/etc/openldap/ldap.conf.
* Configurer PAM en /etc/pam.d.
* Configurer NSS en /usr/local/etc/nss_ldap.conf et /etc/nsswitch.conf.


Une fois les ports installés, il faut indiquer au client LDAP de la 
machine où trouver les informations. Voici un exemple de 
/usr/local/etc/openldap/ldap.conf :

BASE    dc=example,dc=org
URI     ldap://ldap.example.org/
pam_login_attribute uid

On a indiqué la base LDAP, l'URI du serveur
LDAP et l'attribut LDAP qui servira de nom au compte Unix
(uid).

Ensuite, il faut configurer PAM dans chaque application, via les 
fichiers en /etc/pam.d. Le port FreeBSD de PAM n'inclus pas de fichiers 
communs, hélas, et il faut donc configurer un fichier par application 
(peut-être peut-on les réécrire avec des directives incluant un fichier 
commun, je n'ai pas essayé). Par exemple, pour SSH, on édite 
/etc/pam.d/ssh ainsi :

auth  sufficient  /usr/local/lib/pam_ldap.so  no_warn
...
auth            required        pam_unix.so             no_warn try_first_pass

account         required        /usr/local/lib/pam_ldap.so      no_warn ignore_authinfo_unavail ignore_unknown_user
...
account         required        pam_unix.so



Maintenant, on peut se connecter mais, pour avoir tous les services de 
noms, il faut NSS. On édite /usr/local/etc/nss_ldap.conf ainsi :

host ldap.example.org
base dc=example,dc=org
nss_base_passwd ou=People,dc=example,dc=org?one
nss_base_shadow ou=People,dc=example,dc=org?one
nss_base_group          ou=Group,dc=example,dc=org?one

Et il faut indiquer à la libc d'utiliser LDAP
en modifiant /etc/nsswitch.conf :


group: files ldap
passwd: files ldap

Désormais, tout marche, notre machine FreeBSD peut utiliser tous les
services de noms que fournit LDAP.


Et sur le serveur ? Si on doit le configurer, s'il n'a pas déjà été 
fait, voici les étapes.

On install le logiciel serveur d'OpenLDAP (paquetage slapd). Pour sa 
configuration, on édite /etc/ldap/slapd.conf notamment pour y mettre :

suffix          "dc=example,dc=org"

et s'assurer que les permissions (directives
access) comportent bien notre base.

Si on a un schéma LDAP spécifique, il faut aussi le mettre dans ce 
fichier :

include         /etc/ldap/schema/example.schema

On relance le serveur, on vérifie qu'il tourne et qu'on peut
l'interroger avec ldapsearch.

Sa base est actuellement vide, il nous faut donc créer des comptes. Il 
existe plusieurs solutions, le choix dépend des circonstances.
* Si on a une liste d'utilisateurs dans une autre base de données, on 
peut écrire un programme qui exporte cette base en format LDIF et 
charger ensuite le fichier LDIF, serveur arrêté, avec slapadd < 
example.ldif.
* Si on veut procéder entrée par entrée, on peut aussi utiliser un 
fichier LDIF (comme celui-ci (en ligne sur 
http://www.bortzmeyer.org/files/yet-another-account.ldif)) et le 
charger via le protocole LDAP, avec ldapadd -W -D 
'cn=admin,dc=example,dc=org' -f yet-another-account.ldif, ce qui ne 
nécessite pas d'arrêter le serveur et permet de travailler depuis une 
autre machine.
* On peut aussi utiliser un programme local de création de compte comme 
ce petit programme (en ligne sur 
http://www.bortzmeyer.org/files/addluser.py) écrit en Python, avec la 
bibliothèque Python-LDAP (http://python-ldap.sourceforge.net). Ce 
programme dépend d'un fichier de configuration (voici un exemple (en 
ligne sur http://www.bortzmeyer.org/files/ldapsimpletools.ini)) et 
s'utilise en tapant simplement addluser USERNAME (il demandera ensuite 
les autres informations nécessaires). Il n'existe pas de tel programme 
« standard » car chaque site a son propre modèle de données et ses 
propres règles.

Une fois le ou les comptes créés, il faut évidemment tester que les 
clients LDAP puissent s'en servir, comme indiqué plus haut, lors de la 
configuration du client.

Détruire un compte peut également se faire de plusieurs façons :
* Avec ldapdelete en indiquant le DN :ldapdelete -W -D 
'cn=admin,dc=example,dc=org' -x 'cn=Louis Bleriot,ou=People,dc=example, 
dc=org'.
* Avec addluser et son option -r (comme "remove").

Il peut être pratique, notamment pour déboguer des problèmes avec un 
client récalcitrant, de demander au serveur d'écrire dans son journal 
toutes les requêtes LDAP reçues. Cela ralentit le serveur, cela peut 
être très indiscret, mais c'est un bon outil de test. Il faut pour cela 
modifier la directive loglevel de slapd.conf :

# Read slapd.conf(5) for possible values
loglevel        256

On trouvera alors dans le journal des informations très indiscrètes comme (au moment
d'une connexion SSH de l'utilisateur bleriot) :


Mar 26 10:15:05 lilith slapd[15932]: conn=410 op=1 
          SRCH base="ou=People,dc=example,dc=org" 
                   scope=1 deref=0 filter="(uid=bleriot)" 

(Un petit mot sur le journal : comme chaque requête LDAP est notée,
cela peut ralentir sérieusement le serveur. Vérifiez bien dans la
configuration de syslog que l'écriture est
asynchrone, en mettant un tiret devant le nom du fichier journal.)

N'oubliez pas les sauvegardes ! La perte de la base de données du 
serveur LDAP peut être catastrophique. Les données étant stockées par 
OpenLDAP dans un fichier binaire, il est prudent de les sauvegarder en 
mode texte, avec le format LDIF. On peut copier toute la base avec 
slapcat .

Une fois les sauvegardes faites et vérifiées, vous pouvez aussi vous 
préoccupper des performances du serveur LDAP. echoping 
(http://echoping.sourceforge.net) a un greffon LDAP qui permet de 
tester les perfomances dudit serveur :

% echoping -n 5 -m ldap ldap.example.org \
    -b ou=People,dc=example,dc=org   -s one -r '(uid=bleriot)'                
Elapsed time: 0.000606 seconds
Elapsed time: 0.000493 seconds
Elapsed time: 0.000446 seconds
Elapsed time: 0.000425 seconds
Elapsed time: 0.000393 seconds
---
Minimum time: 0.000393 seconds (651399 bytes per sec.)
Maximum time: 0.000606 seconds (422442 bytes per sec.)
Average time: 0.000472 seconds (542373 bytes per sec.)
Standard deviation: 0.000074
Median time: 0.000446 seconds (573991 bytes per sec.)


Les utiisateurs d'Ubuntu apprécieront sans doute une documentation 
équivalente en http://doc.ubuntu-fr.org/ldap_client. Terminons par une 
bonne référence. Le Comité Réseau des Universités a une excellente page 
sur LDAP (http://www.cru.fr/documentation/ldap/index), contenant des 
pointeurs vers toutes les documentations nécessaires.


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