Un rapide historique de Debian Bdale Garbee bdale@debian.org Pour la traduction française Patrice Karatchentzeff p.karatchentzeff@free.fr 0.1 (dernière révision en date du 29 décembre 1999) Ce document décrit l'histoire et les buts du projet Debian Copyright © 1999 de Bdale Garbee. Pour la traduction française Patrice Karatchentzeff

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Les contributions significatives à l'élaboration du présent document ont été faîtes par: Ian Murdock imurdock@cs.arizona.edu Nils Lohner lohner@typhoon.icd.teradyne.com Craig Small csmall@scooter.o.i.net Bill Mitchell Bill.Mitchell@pobox.com Hartmut Koptein koptein@et-inf.fho-emden.de Will Lowe lowe@debian.org Introduction -- Qu'est-ce que le Projet Debian ?

est le fruit du rassemblement de volontaires du monde entier qui aspirent à réaliser un système d'exploitation composé uniquement de logiciels libres. Le produit principal du projet à ce jour est la distribution Debian GNU-Linux, qui inclut le noyau Linux et des milliers d'applications pré-empaquetées. De nombreux types de microprocesseurs sont supportés tels les Intel i386, et toutes versions ultérieures, L'Alpha, l'ARM, les Motorola 68k, les MIPS, les PowerPC, les Sparc et UltraSparc.

Debian est responsable de la création de l' une organisation à but non lucratif établie à New-York. La SPI a pour but d'aider Debian, et toute autre organisation du même type, à développer et distribuer du matériel et du logiciel libre. Entre autres choses, la SPI fournit un mécanisme autorisant le Projet Debian à accepter des contributions dont la taxe est déductible aux États-Unis.

Pour plus d'information sur les logiciels libres, voir le et les lignes directrices des logiciels libres de Debian , ou la page Comment tout a débuté.

Le créateur de Debian est Ian A. Murdock. Aussitôt que possible, Ian et tous ceux qui ont contribué à la création du projet seront interviewés pour combler mes lacunes en ce qui concerne les premiers pas du projet. En attendant, le Manifeste Linux de Debian écrit par Ian est fourni en appendice de cet historique. Les versions de Debian

Debian 0.01 jusqu'à 0.90 (août-décembre 1993)

Debian 0.91 (janvier 1994): cette version avait un système de paquets simpliste qui permettait d'installer et de désinstaller des paquets. Le projet a alors augmenté de plusieurs douzaines de personnes à ce moment.

Debian 0.93R5 (mars 1995): la responsabilité de chaque paquet fut clairement assigné à un développeur à partir de cette date, et le gestionnaire de paquets (dpkg) fut utilisé pour installer les paquets après l'installation d'un système de base.

Debian 0.93R6 (novembre 1995): apparition de dselect. Ce fut la dernière version de Debian au format a.out. Il y avait environ 60 développeurs. Le premier serveur master.debian.org fut construit parallèlement avec la version 0.93R6.

Debian 1.1 Buzz (juin 1996): ce fut la première version de Debian portant un nom de code. Il fut choisi, comme tous les autres par la suite, d'après les personnages du film Toy Story... et dans le cas présent d'après celui de Buzz Lightyear. À ce moment, Bruce Perens succède à Ian Murdock dans la direction du Projet Debian, et Bruce travaillait alors pour Pixar, la société qui produisait ce film...  Cette version était 100% ELF, utilisant le noyau Linux 2.0 et contenant 474 paquets.

Debian 1.2 Rex (décembre 1996): nom extrait du dinosaure en plastique du film. 848 paquets et 120 développeurs.

Debian 1.3 Bo (juillet 1997): nom extrait de Bo Beep. 974 paquets et 200 développeurs.

Debian 2.0 Hamm (juillet 1998): nom extrait du cochon du film. Première version de Debian à supporter l'architecture 68k de Motorola. Cette version (dirigée par Ian Jackson comme chef de projet) fit la transition vers la bibliothèque libc6, proposait plus de 1500 paquets et comptait 400 développeurs.

Debian 2.1 Slink (09 mars 1999): première version de Debian à supporter l'architecture et . Cette version, dirigée par Wickert Akkerman comme chef de projet, contenait environ 2250 paquets sur deux cédéroms officiels et incluait apt, la nouvelle interface de gestion de paquets.

Debian 2.2 Potato (février 2000?): Détail des versions Les versions 0.x

Debian est né en août 1993 grâce à Ian Murdock, alors étudiant à l'université de Purdue. Debian fut soutenue par le projet GNU de la , l'association créée un an auparavant par Richard Stallman et associée à la Gnu Public License (NDT: Licence Publique Générale) (GPL), de novembre 1994 jusqu'à novembre 1995.

Les version 0.01 jusqu'à 0.90 de Debian furent produites entre août et décembre 1993. Ian Murdock écrivait alors:

« La version 0.91 de Debian sortit en janvier 1994. Elle avait un système de gestion de paquets primitif qui permettait aux utilisateurs de manipuler les paquets mais n'autorisait pas grand chose d'autres (il ne possédait certainement pas de dépendances ou d'options analogues). À partir de ce moment-là, quelques douzaines de personnes travaillaient sur Debian, bien que je devais toujours assembler les versions moi-même. La version 0.91 fut la dernière version faîte de cette manière. »

« Une grande partie de l'année 1994 fut consacrée à organiser le Projet Debian de façon à ce que les autres puissent plus directement contribuer, comme pour la réalisation de dpkg (Ian Jackson fut très largement responsable de cette dernière). Si je me souviens bien, il n'y eut pas de version officielle en 1994, bien que nous en eumes un certain nombre en interne, à chaque fois que nous progressions dans l'avancement de la distribution. »

« La version 0.93 de Debian, numérotée 5, sortit en mars 1995 et fut la première version « moderne » de Debian: il n'y avait jamais eu autant de développeurs (bien que je ne puisse me rappeler combien), chacun maintenait ses propres paquets et dpkg fut utilisé pour installer et maintenir tous ces paquets après l'installation du système de base. »

« La version 0.93 de Debian, numérotée 6, sortit en novembre 1995 et fut la dernière version au format a.out. Il y avait environ 60 développeurs pour maintenir les paquets de la version 0.93R6. Si je me souviens bien, dselect fit son apparition dans cette version... »

Ian Murdock fit aussi remarquer que Debian 0.93R6 « ... fut ma version favorite de Debian » bien qu'il admit la possibilité d'être de parti pris, alors qu'il stoppa de travailler activement sur le projet en mars 1996 durant la pré-production de la Debian 1.0. Cette dernière fut renommée 1.1 pour éviter toute confusion avec un fabricant de cédérom qui nomma faussement 1.0 une version précédente. Cet incident mena au concept d'images ISO « officielles », de façon à éviter aux vendeurs ce genre de bévue.

Durant le mois d'août 1995 (entre la version 0.93R5 et 0.93R6 de Debian), Hartmnut Koptein débuta le premier portage de Debian pour la famille des Motorola m68k. Il disait que « de nombreux et nombreux paquets étaient construits autour de l'architecture i386 (petit bout, -m486, -O6 et tout ce genre d'options de la bibliothèque libc4) et que ce fut un travail énorme que d'avoir une base de paquets de départ sur ma machine (un Atari Medusa 68040, 32 MHz). Après trois mois (en novembre 1995), je mis à disposition 200 paquets, sur les 250 disponibles, tous pour la bibliothèque libc5 ! ». Depuis lors, le projet Debian s'est développé en incluant de nombreux vers d'autres architectures, ainsi qu'un portage vers un nouveau noyau (différent de Linux), le micro-noyau GNU Hurd.

Un des tous premiers membres du projet, Bill Mitchell, se rappelle au sujet du noyau Linux :

« ... on devait être entre la version 0.99r8 et 0.99r15 lorsque l'on a débuté. Pendant très longtemps, je fus capable de contruire un noyau en moins de 30 minutes sur une machine dotée d'un 386 à 20 MHz, et j'étais ainsi capable d'installer Debian dans le même temps avec moins de 10 Mo d'espace disque. »

« ... Je me souviens que l'équipe initiale comprenait Ian Murdock, moi-même, Ian Jackson, un autre Ian dont je ne me souviens pas le nom de famille, Dan Quinlan, et quelques autres personnes dont je ne me souviens pas des noms. Matt Welsh faisait aussi partie du groupe initial, ou l'a rejoint à ses tous débuts (il a depuis quitté le projet...). Quelqu'un créa une liste de discussions et nous nous mîmes au travail. »

« Si je me souviens bien, nous ne partîmes pas d'un plan défini, et nous ne partîmes pas sur le fait de créer ensemble un plan avec une approche très organisée. Dès le début, si je ne me trompe pas, nous rassemblâmes aléatoirement les sources d'un certain nombre de paquets. Avec le temps, nous finîmes par finaliser une collection d'articles qui seraient nécessaire au coeur de la distribution: le noyau, un shell, update, getty, de nombreux autres programmes et de fichiers de configuration requis pour initialiser le système ainsi que tout un jeu d'utilitaires. » Le tout premier gestionnaire de paquet de Debian

Aux tous premiers balbutiements du projet, ses membres considérèrent de le distribuer sous forme de paquets sources uniquement. Chaque paquet serait composé du source téléchargé ainsi que d'un fichier de complément spécifique à Debian. Les utilisateurs n'aurait alors qu'à « détarer » les sources, appliquer la rustine Debian puis les compiler ensemble. Cependant, ils comprirent très tôt qu'une distribution sous forme d´exécutables serait nécessaire. Le premier outil d'empaquetage, écrit par Ian Murdock et appelé dpkg, pour créer un paquet dans un format binaire spécifique à Debian fit son apparition. Il pouvait aussi être utiliser plus tard pour dépaqueter et installer les fichiers d'un paquet.

Ian Jackson pris alors bientôt en charge le développement de l'outil d'empaquetage, en renommant l'outil en lui-même dpkg-deb et écrivant une interface qu'il appela dpkg pour faciliter son utilisation. Il introduisit les notions de dépendances et de conflits du système Debian d'aujourd'hui. Les paquets fabriqués à partir de ces outils possédaient une en-tête avec la version de l'outil utilisé pour créer le paquet et un fichier à l'intérieur duquel se trouvait l'archive sous forme de « tarball », lequel était séparé de l'en-tête par des informations de contrôle.

C'est à ce moment qu'un débat pris forme au sein des membres du projet. Certains préconisaient d'abandonner le format spécifique de Debian créé par dpkg-deb en faveur du format de l'outil ar. Après de nombreuses versions de formats de fichiers, et autant d'outils d'empaquetage, le format ar fut adopté. La valeur ajoutée de ce changement fut la possibilité pour un paquet Debian d'être dépaqueté sur n'importe quel système Unix sans avoir besoin de lancer un exécutable auxiliaire. En d'autres mots, seuls les outils standards présents sur chaque système Unix comme ar ou tar sont nécessaires au dépaquetage d'un paquet binaire Debian pour en examiner son contenu. Les versions 1.x

Lorsque Ian Murdock quitta Debian, il nomma Bruce Perens comme successeur. Bruce vint initialement à Debian parce qu'il essayait de créer une distribution de Linux sur cédérom nommé « Linux for Hams » qui devait inclure tous les logiciels Linux intéressants les opérateurs de radioamateur. Constatant que le coeur du système Debian devait encore être développé de façon à correspondre à son projet, Bruce se mit à travailler intensivement sur le système de base et les outils relatifs à l'installation, en remettant ses projets à plus tard. Le travail que fit Bruce sur les outils d'installation permit de créer la disquette de secours actuellement utilisée.

Ian Murdock constata:

« Bruce fut le candidat naturel à ma succession car il avait maintenu le système de base pendant près d'un an. Il put ainsi combler le vide dû au fait que le temps que je pouvais consacrer à Debian déclinait rapidement. »

Il fut à l'initiative d'un certain nombre de facètes importantes du projet, notamment en coordonnant les efforts pour produire le « Debian Free Software Guidelines  » et le Contrat Social de Debian ainsi que le lancement du «  ». Pendant la durée de son rôle de chef de projet, Debian gagna des parts de marché et une réputation de plate-forme pour utilisateurs de Linux sérieux et compétents.

Bruce Perens fut aussi à l'origine de la création de la . Bien qu'originellement conçue afin de donner au Projet Debian une entité légale pour accepter les dons, ses objectifs évoluèrent rapidement de façon à inclure le soutien aux projets de logiciels libres en dehors du Projet Debian.

Voici les différentes versions de Debian sorties pendant cette période:

1.1 Buzz, sortie en juin 1996 (474 paquets, noyau 2.0, entièrement au format ELF, dpkg) 1.2 Rex, sortie en décembre 1996 (848 paquets, 120 développeurs) 1.3 Bo, sortie en juillet 1997 (974 paquets, 200 développeurs)

Il y eut quelques version intermédiaires pour la version 1.3 avec la dernière portant le numéro 1.3R6.

(http://www.debian.org/News/1999/19990309) Bruce Perens fut remplacé par Ian Jackson comme chef de projet Debian au début du mois de janvier 1998 après avoir mené le projet aux portes de la préparation aux versions 2.0 Les versions 2.x

Ian Jackson devint le responsable du projet Debian au début de l'année 1998 et devint tout de suite après vice-président de la Software in the Public Interest. Après la démission du trésorier (Tim Sailer), du président (Bruce Perens) et du secrétaire (Ian Murdock), il devint président et trois nouveaux membres furent choisis: Martin Schulze (vice-président), Dale Scheetz (secrétaire) et Nils Lohner (trésorier).

La version 2.0 de Debian (Hamm) sortit en juillet 1998 pour les architectures de processeurs Intel i386 et Motorola 68000. Cette version se caractérise par l'introduction d'une nouvelle version des bibliothèques C (libc6 reposant sur la glibc2). Au moment de sa sortie, il y avait plus de 1500 paquets maintenus par plus 400 développeurs Debian.

Wichert Akkerman succéda à Ian Jackson comme chef de projet Debian en janvier 1999. La sortit le 1999, après avoir été retardé pendant une semaine par des demandes de corrections de dernière minute.

La Debian 2.1 supporte officiellement deux nouvelles architectures: l' et le . Les paquets contenant le système X Window fut profondément réorganisé par rapport aux précédentes versions. Elle inclut aussi apt,l'interface de gestion de paquets de la génération suivante. Ainsi, cette version de Debian fut la première à requérir deux cédéroms pour le jeu de cédéroms officiels ; elle contient environ 2250 paquets.

Le 21 avril 1999, et le formèrent effectivement une alliance avec Debian lorsque Corel affirma son intention de fabriquer une distribution Linux basée sur Debian et l'environnement de bureau du projet KDE. Durant le printemps et l'été suivant, une autre distribution basée sur Debian fit son apparition, . Le projet Debian choisit alors un nouveau

Un nouveau portage, unique en son genre, débuta à ce moment avec le . C'est la première tentative d'utiliser un noyau non-linux, avec le the , qui est lui-même basé sur le micro-noyau GNU Mach. Et après ?

Les développeurs Debian sont actuellement en train de travailler sur la version 2.2, qui a comme nom de code Potato. Cette version tentera de mieux adhérer au nouveau Linux File Hierarchy Standard (NDT: standardisation de la hiérarchie des fichiers sous Linux). Elle utilisera aussi le nouveau compilateur comme compilateur par défaut. Les architectures utilisant le noyau Linux utiliseront les nouveaux noyaux de la série 2.2.x. On espère que les architecture et seront aussi supportées avec la version 2.2. Le Manifeste de Linux Debian

Veuillez noter que ce document est fourni pour documenter l'histoire de Debian. Même si les idées générales s'appliquent encore, des détails ont changé.

Écrit par Ian A. Murdock Révisé le 01/06/94 Traduction française par Christophe Le Bars Qu'est-ce que Linux Debian?

Linux Debian est une toute nouvelle sorte de distribution Linux. Au lieu d'être développée par une personne isolée ou un groupe, comme les autres distributions de Linux ont pu l'être dans le passé, Debian est développée de manière ouverte dans l'esprit de Linux et de GNU. Le premier but du projet Debian est de créer enfin une distribution qui vivrait selon la nature du nom Linux. Debian est soigneusement et consciencieusement construite et sera maintenue et supportée avec la même attention.

C'est aussi une tentative pour créer une distribution non commerciale qui sera capable de véritablement rivaliser sur le marché commercial. Elle sera éventuellement distribuée par « The Free Software Foundation » sur cédérom et « l'association Linux Debian » fournira la distribution sur disquette ou sur bande accompagnée de manuels imprimés, le support technique et les autres besoins de l'utilisateur final. Tout ceci sera disponible pour un peu plus que le prix de revient, et le bénéfice sera utilisé pour d'autres développements de logiciels libres pour tous les utilisateurs. Une telle distribution est essentielle pour le succès du système d'exploitation Linux sur le marché commercial et elle doit être faite par des organisations ayant la possibilité de faire progresser avec succès et de défendre l'informatique libre sans la pression du profit ou de la rentabilité. Pourquoi Debian a-t-elle été conçue?

Les distributions sont essentielles pour l'avenir de Linux. En premier lieu elles éliminent le besoin pour l'utilisateur de repérer, télécharger, compiler, installer et d'intégrer un grand nombre d'outils essentiels permettant de construire un système Linux fonctionnel. A la place, la charge de l'assemblage du système est supporté par le créateur de la distribution, dont le travail peut-être partagé par des milliers d'autres utilisateurs. La plupart des utilisateurs goûteront en premier à Linux au travers d'une distribution et la plupart des utilisateurs continueront à utiliser une distribution pour profiter de ses avantages même lorsqu'ils seront familiers avec le système d'exploitation. Donc, les distributions jouent en faite un très grand rôle.

En dépit de leur importance évidente, les distributions ont peu attiré l'attention des développeurs. Il y a une simple raison à cela: elles ne sont ni faciles ni enthousiasmantes à construire et requièrent beaucoup d'effort continu de la part du créateur pour garder la distribution sans erreur et à jour. C'est une chose d'assembler un système à partir de rien; cela en est une autre de s'assurer que le système est facile à installer pour d'autres, qu'il est installable et utilisable avec une large variété de configurations matérielles, qu'il contient des logiciels que d'autres trouveront utiles et qu'il est mis à jour lorsque les composants eux-mêmes sont améliorés.

Beaucoup de distributions ont commencé comme des systèmes réellement bons, mais le temps passant, l'attention pour maintenir la distribution est devenue une préoccupation secondaire. La « Softlanding Linux System » (mieux connue comme SLS) est un cas exemplaire. C'est certainement la distribution Linux disponible contenant le plus de bogues et la plus mal maintenue ; malheureusement, c'est certainement aussi la plus populaire. C'est, sans discussion, la distribution qui attire le plus l'attention des nombreux « distributeurs » commerciaux de Linux qui sont apparus pour capitaliser la popularité croissante du système d'exploitation.

C'est une mauvaise combinaison en faite, puisque la plupart des gens qui obtiennent Linux de ces « distributeurs » reçoivent une distribution Linux pleine de bogues et mal maintenue. Comme si cela ne suffisait pas, ces « distributeurs » ont une fâcheuse tendance à vanter de manière trompeuse des caractéristiques non fonctionnelles ou extrêmement instables de leurs produits. Ajouter cela au fait que l'acheteur attendra, bien sûr, que le produit corresponde à sa publicité et au fait que beaucoup pourront voir Linux comme un système commercial (ils ont aussi une tendance à ne pas mentionner que Linux est libre, ni qu'il est distribué sous la licence GNU). Enfin, ces distributeurs font aujourd'hui suffisamment d'argent avec leurs efforts pour justifier l'achat de pages de publicité plus importantes dans plus de journaux ; c'est un exemple classique d'un comportement inacceptable récompensé par ceux qui ne connaissent rien de mieux. Clairement, quelque chose doit être fait pour remédier à cette situation. Pourquoi Debian pourra tenter de mettre fin à ces problèmes?

Le processus d'élaboration de Debian est ouvert pour garantir que le système soit de la plus haute qualité et qu'il reflète les besoins de l'ensemble des utilisateurs. En impliquant des gens d'une grande variété de savoirs et d'horizons, Debian est capable d'être développée de manière modulaire. Ces composants sont de haute qualité car les personnes doté d'une expertise dans un certain domaine auront l'opportunité de construire et de maintenir les composants individuels de ce domaine. Impliquer ces gens garantit aussi que des suggestions valables pour l'amélioration pourront être incorporées dans la distribution pendant son développement ; de cette façon, une distribution est créée basée sur les besoins et les désirs des utilisateurs plutôt que pour les besoins et les désirs d'un constructeur. C'est très difficile pour une personne seule ou un petit groupe d'anticiper ces besoins et ces désirs à l'avance sans une participation directe d'autres personnes.

Debian GNU-Linux sera aussi distribuée sur support physique par la « Free Software Foundation » et « l'association Linux Debian ». Ceci fournira Debian aux utilisateurs sans accès à Internet ou FTP et offrira des produits et des services tels que manuels imprimés et support technique à tous les utilisateurs du système. De cette manière, Debian pourra être utilisée par beaucoup plus de personnes et d'organisations qu'il ne serait possible autrement, le but étant d'offrir un produit de qualité et non des profits, et les bénéfices des produits et des services offerts pourront être utilisés pour améliorer le logiciel lui-même pour tous les utilisateurs qu'ils aient payés ou non pour l'obtenir.

La « Free Software Foundation » joue un rôle extrêmement important pour le futur de Debian. Par le simple fait qu'elle le distribuera, un message est envoyé au monde que Linux n'est pas un produit commercial et qu'il ne le sera jamais, mais que cela ne veut pas dire que Linux ne sera jamais capable de rivaliser commercialement. Pour ceux d'entre vous qui ne sont pas d'accord, je vous demande d'observer le succès du GNU Emacs et de GCC, qui ne sont pas des produits commerciaux mais qui ont eu malgré ça un impact certain sur le marché commercial.

Le temps est venu de se concentrer sur l'avenir de Linux plutôt que sur le but destructeur d'enrichir quelqu'un au détriment de la communauté Linux tout entière et de son futur. Le développement et la distribution de Debian ne sont peut-être pas la réponse aux problèmes que j'ai soulignés dans ce manifeste, mais j'espère qu'elle attirera au moins suffisamment l'attention sur ces problèmes pour permettre de les résoudre.